Depuis le mois de mars de l’année dernière, nombreuses habitudes ont été chamboulées à cause de ce fameux virus dont le nom n’est plus à rappeler. Ce dernier n’est pas le sujet de cet article mais force est de constater que nous devons le citer car il a un véritable impact sur la montagne et sa fréquentation.
Nous ne sommes pas scientifiques, nous n’avons pas de relevés de chiffres, mais nous sommes observateurs ! Les lieux que nous connaissons bien en altitude ont vu leur fréquentation augmenter au printemps dernier et il en va de même durant cet hiver. Evidemment, une fois que les restaurants, les magasins, les cinémas, les centres sportifs sont fermés, les gens cherchent quelque chose à faire, de quoi s’occuper. Et il n’y a pas de raison de leur jeter la pierre. D’ailleurs, nous qui possédons ce blog de randonnée et dont le but est de motiver les gens à aller en montagne pour se reconnecter à la nature, nous serions bien mal placés pour émettre la moindre critique.
La problématique n’est pas tant le nombre de personnes qui part en montagne mais plutôt l’attitude adoptée une fois qu’elles s’y trouvent. Parfois complètement inadéquats et parfois maladroits, ces comportements suscitent de vives réactions. Souvent, ils pourraient être rectifiés si certains codes étaient mieux connus. C’est pourquoi nous avons eu envie d’écrire un article qui parle de responsabilités. Se rendre en montagne, c’est se renseigner sur les codes, les règles, les interdictions afin de respecter ce lieu (tout comme on se doit de respecter les règles lorsque l’on se rend dans un pays qui n’est pas le nôtre).
Voici donc un petit résumé non exhaustif de ce qui nous semble important d’avoir en tête pour toute activité que l’on part faire en montagne…
Ma responsabilité n°1 : Je pars avec mes déchets
Cela ne vaut évidemment pas que pour la montagne. Partout où je me rends, je remets dans mon sac (ou dans une poubelle s’il y en une a à disposition) tous les déchets que je génère. La nature n’a aucun moyen de décomposer rapidement un emballage plastique, une boite en carton ou une pelure de banane… nos incinérateurs si. Nous ne parlerons pas ici de tri, car ce n’est pas le but de l’article. Si je fais déjà un effort pour ne laisser aucune trace de mon passage dans la nature, les paysages ne s’en trouveront qu’embellis.
Enfin, si je vais faire mes besoins en nature (oui, j’ai le droit), je ne laisse pas mes mouchoirs par terre. Un petit sachet pour les ramener à la maison et le tour est joué.
Ma responsabilité n°2 : Je connais les priorités sur les sentiers
Lorsque je monte sur un sentier, j’ai la priorité. Donc, lorsque je descends, c’est à moi de m’arrêter et de me pousser pour laisser les gens monter sans casser leur rythme. Et cela vaut même si je suis en train de courir… ce n’est pas la vitesse avec laquelle je me déplace qui me rend prioritaire.
Il est évident qu’une part de bon sens est de mise. Si le sentier est assez large pour pouvoir se croiser, il n’est pas nécessaire que quelqu’un s’arrête. Si je suis sur un sentier engagé et que quelqu’un se trouve dans un passage délicat où il n’est pas possible de se croiser, je vais m’arrêter même si je suis en montée afin de le laisser rejoindre un endroit plus sûr.
Ma responsabilité n°3 : J’accepte que je suis un simple invité
Lorsque je vais en montagne, je me rappelle que je ne suis pas chez moi. Il s’agit du lieu d’habitation de nombreux animaux et du lieu de développement d’espèces de fleurs et de plantes typiques.
Je suis donc les sentiers et n’en sors pas n’importe comment. Je m’informe sur ce que j’ai le droit de cueillir ou non (saison, quantité). J’observe les animaux mais je ne les ennuie pas (je les regarde de loin et évite de les suivre, je ne leur donne pas à manger, je ne les touche pas, …)
En hiver, je m’efforce de suivre les traces faites par ceux qui sont passés avant moi afin de garder une partie du paysage intacte.
Ma responsabilité n°4 : Je respecte les zones protégées
Lorsque je me rends en montagne, je lis attentivement les panneaux qui me donnent des informations sur les lieux que je parcours. Ceux-ci m’avertissent, entre autre, si je me trouve dans une zone protégée ou encore dans un parc naturel. Je sais ainsi exactement quel comportement je dois adopter pour préserver la biodiversité de ces lieux. Je prends conscience que c’est une véritable responsabilité qu’on me confie, je ne peux pas simplement l’ignorer.
Ma responsabilité n°5 : Je profite de ma liberté sans empiéter sur celle des autres
La montagne offre une multitude de possibilités pour tous les goûts et tous les niveaux. Que j’aie envie de faire une randonnée pour découvrir le terroir, dévaler les pentes sur mon VTT, grimper une falaise sur des voies d’escalade… tout est à portée de main. Quelle que soit l’activité que je choisisse, je me rappelle que je ne suis pas seul sur les itinéraires. Pour que chacun y trouve son compte, le respect et la tolérance sont essentiels. J’observe, je freine, je me décale sur le côté, je remercie, je vérifie que personne ne se trouve en-dessous. Bref, je fais attention aux gens qui partagent ce même espace pour des activités qui ont autant de valeur que la mienne ?
Ma responsabilité n°6 : Je me reconnecte à la nature…
Aller en montagne, c’est aussi accepter de se ressourcer, de revenir à des choses plus simples. C’est d’ailleurs souvent une des raisons qui pousse les gens à aller parcourir des kilomètres à pied pour trouver LE lieu calme où ils seront presque seuls. Lorsque j’atteins le sommet, ou tout autre lieu, je laisse de l’espace à chacun afin que tout le monde puisse en profiter. En montagne, il y a de l’espace, je n’ai pas besoin de me coller aux gens qui sont arrivés avant moi en leur tournant le dos pour déguster mon pique-nique. Il en va de même si je recherche un lieu pour bivouaquer. Si j’arrive et que des gens sont déjà installés, je cherche un endroit agréable un peu plus loin pour les laisser profiter autant que moi.
Ma responsabilité n° 7 : … et aussi aux gens
N’y voyez aucune contradiction avec la responsabilité précédente. Si beaucoup aiment la solitude que la montagne procure cela ne les empêche pas d’être ravis d’avoir un échange (court ou plus long) avec les gens qu’ils croisent sur leur chemin. Je salue donc les gens que je rencontre et, si l’occasion se présente, j’échange quelques mots sur l’itinéraire, les conditions… Dans certains cas, cela peut même me conduire à tisser de nouvelles amitiés autour d’une passion commune ?
Ma responsabilité n°8 : Je respecte tous les acteurs de la montagne
Cela va de l’éleveur de bétail dont je me dois de respecter les animaux et les parcelles de pâturage au tenancier de cabane alpine dont je me dois d’accepter les règles sans discuter du moment où j’entre dans son logement en passant par les secouristes à qui j’évite d’ajouter du travail en réalisant des courses mal préparées. Quel que soit le métier dont il est question, je me souviens que sans toutes ces personnes, je ne pourrais pas réaliser les sorties que je prévois aussi aisément. En les respectant, je leur montre mon soutien pour le travail qu’ils font et qui me permet d’être là.
Ma responsabilité n°9 : Je vais voir plus loin que les installations
Les images de parkings bondés, de gens les uns sur les autres et de locaux agacés fusent à travers les médias qui savent choisir les images qui feront réagir. Pour me détacher de ces clichés, je prends conscience qu’aller en montagne, c’est accepter de me dépasser et de découvrir des lieux inconnus en respectant mon niveau et mes connaissances du milieu évidemment. Ne pas me contenter des lieux facilement accessibles, aller voir plus loin que le lieu liké un nombre de fois incalculable sur Instagram, délaisser ma voiture et marcher encore et encore pour m’isoler sont autant d’aspects qui me permettent de ressentir la satisfaction profonde de me retrouver en montagne.
Ma responsabilité n°10 : Je m’informe
Il existe encore bien d’autres règles en montagne, plus pointues en fonction de la pratique que j’y fais (pour le bivouac par exemple). Il est donc de ma responsabilité de m’informer, que cela soit sur internet, auprès des offices du tourisme, des cabanes, … . Je dois également me montrer toujours attentif aux conditions météorologiques car elles influencent largement ce terrain de jeu et peuvent entrainer l’interdiction de se rendre dans certains endroits. Avant de parcourir des kilomètres en voiture, je vérifie donc la météo, je regarde les webcams, le site internet du lieu où je veux me rendre… .
Si nous avons choisi de parler de responsabilités plutôt que de règles dans cet article c’est pour insister sur le rôle que nous avons à jouer lorsque nous nous rendons en montagne. Une fois que nous mettons un pied dans la nature, il est de notre devoir de comprendre ce milieu et ses codes pour agir de façon adéquate. Nous espérons que ce texte sera lu par un grand nombre pour que de plus en plus de personnes, habituées ou non de la montagne, soit sensibilisées. Nous souhaitons, ainsi, que ces magnifiques endroits où nous sommes nombreux à aimer nous rendre pour nous évader continuent à être préservés. Enfin, pour celles et ceux qui débutent la randonnée ou qui souhaitent d’autres informations, nous vous rappelons que nous avons écrit un ebook sur les 10 commandements du randonneur (c’est gratuit, ça ne vous engage à rien et cela vous sera peut-être utile ?).